Écrire un page turner : structure des scènes

Des conseils pour structurer et enchainer vos scènes basés sur Story de John Truby
Nicolas Parisi
Nicolas Parisi
Cofondateur du Club, auteur de nouvelles parues dans diverses revues, je m’intéresse particulièrement à la stylistique et ses applications pratiques à l’écriture. En lire plus

Écrire un page turner : structure des scènes

Des conseils pour structurer et enchainer vos scènes basés sur Story de John Truby

Écrire un page turner : structure des scènes

Des conseils pour structurer et enchainer vos scènes basés sur Story de John Truby
Un roman dont les pages tournent, un page turner

Dans mon précédent article : Show don’t tell, entre bon conseil et dogme stylistique, je parlais de l’omniprésence de conseils d’écriture tirés du monde du cinéma anglosaxon.

 

Mais je ne crois pas qu’on ait déjà parlé de ces conseils !

 

Alors en se basant sur ce que j’ai retenu de Story, de John Truby, et de quelques petits trucs que j’ai découvert en plus, on va voir ensemble comment écrire et faire s’enchaîner des scènes de telle façon que votre lecteur reste accroché à votre roman jusqu’à la fin !

Préambule

Dans cet article, on va se pencher sur un cas simple, avec un seul personnage principal et une structure linéaire. C’est la base. De là, il n’y aura plus qu’à s’appuyer dessus et extrapoler comment appliquer cette base théorique à des scénarii dont la structure est plus complexe.

 

Autre chose : beaucoup de mes phrases auront des tournures péremptoires, comme “il faut…”.

 

La vérité, c’est qu’il ne faut pas nécessairement appliquer à tout, partout, la recette que je vais vous présenter, sinon on lirait tout le temps la même chose et plus rien d’original ne serait jamais écrit.

 

Mais, de la même façon que les modèles physiques qu’on présente aux élèves au moment des cours sur les structures atomiques ne sont pas parfaitement vrais, mais permette de se faire une bonne idée de comment ça marche, le modèle qui va suivre donne une bonne idée de ce qui fait qu’un lecteur a envie de continuer à tourner des pages.

Sous forme de squelette, les histoires se ressemblent toutes

Déjà, on a un personnage principal.

 

Ce personnage évolue au sein d’un système stable. Il est à l’équilibre.

 

Mais olàlà un évènement intervient qui brise cet équilibre. C’est l’élément déclencheur.

 

À ce moment-là, ce que le personnage principal veut, c’est retrouver une situation d’équilibre.

 

Mais l’élément déclencheur étant quand même un truc plutôt exceptionnel pour avoir ainsi fait basculer la vie de notre personnage principal, ça ne va pas être simple de retrouver l’équilibre.

 

Le personnage principal va devoir sortir de sa zone de confort, prendre des risques et tenter de mettre en œuvre une solution qu’il n’aurait même pas envisagé dans d’autres circonstances.

Schéma d'une scène

Dans la tête du personnage principal, la situation dans laquelle il se trouve ressemble à ça :

schéma représentant la solution pour retrouver l'équilibre

En théorie, il suffit au personnage principal de mettre en pratique la solution envisagée pour atteindre l’équilibre.

 

Mais dans la pratique, ça ne va pas ressembler à ça, sinon on aurait pas d’histoire à raconter.

 

Concrètement, la solution envisagée par votre personnage ne va pas fonctionner comme prévue. Un truc va aller de travers et le résultat sera différent de ce à quoi il s’attendait.

représentation du fossé entre les attentes et le résultat

Ce fossé est important pour deux raisons très simples :

  • l’histoire continue
  • on se demande ce que le personnage principal va bien pouvoir tenter maintenant

Technique pour tomber sur un résultat qui génère un bon fossé

Il y a deux issues possibles à une action du personnage principal :

 

Soit sa solution a marché, soit elle n’a pas marché.

 

Mais si sa solution a marché, c’est pas très intéressant, non ? Idem, s’il ne fait que se rater, au bout d’un moment on s’ennuie.

 

Oui, et c’est pour ça qu’on a la super règle du sadisme ! à la question “est-ce que la solution a marché ?” il faut que la réponse prenne une de ces deux formes :

  • Oui, mais…
  • Non, et en plus…

 

Prenons l’exemple de Paul. Paul doit absolument attraper le train de 14h30 à la gare de Limoges, sinon il ne pourra pas empêcher Stéphane Plaza de vendre l’entièreté du parc immobilier terrestre aux aliens.

 

Après une course effrénée, Paul arrive à la gare. Mais Paul a-t-il réussi à attraper le train de 14h30 ?

  • Oui, mais pas le bon.
  • Non, et en plus il a perdu son portefeuille.

 

Comment va-t-il faire ? Réponse au prochain chapitre.

La tension dans une scène

Les solutions envisagées par le personnage principal contiennent des risques.

 

Si le personnage principal les envisage, c’est parce qu’il y a un enjeu certain.

 

Pour chaque scène, vous devez pouvoir répondre à ces questions :

  • quel est l’enjeu ?
  • quelle est la solution envisagée ?
  • quels risques y a-t-il à tenter d’appliquer une telle solution ?

 

Les enjeux, c’est facile à comprendre : si “qui veut gagner des millions” s’était appelé “qui veut gagner un ticket resto”, le succès de l’émission n’aurait pas été le même.

 

En ce qui concerne les risques, ils sont là pour souligner l’intérêt de l’enjeu et générer de la tension : On sait ce qu’y arriver signifie pour le personnage. Mais non seulement on ne sait pas si le personnage va y arriver, en plus on sait ce qu’il risque s’il échoue !

Faire monter la tension jusqu'au climax

Pour que l’histoire reste intéressante, les enjeux doivent augmenter (on parle ici des enjeux dans les scènes, pas de l’enjeu dramatique global).

 

Et pour rester cohérent, les solutions envisagées par le personnage principal doivent être de plus en plus risquées.

 

Et c’est logique : après avoir été tiré de son état d’équilibre, le personnage principal va tenter une première solution qui ne le sort pas trop de sa zone de confort et ne contient pas trop de risques.

 

Et plus il s’est pris le fossé dans la tronche, plus il va être amené à tenter des solutions de plus en plus risquées.

 

Donc les enjeux et les risques augmentent, et ce jusqu’au climax : le moment où les enjeux sont les plus élevés, mais où les risques sont aussi les plus élevés. C’est le moment où le personnage doit absolument tout tenter.

Alterner les résultats

Vous vous rappelez le moment où je disais qu’il fallait être sadique ?

 

Va falloir nuancer un peu.

 

Si à chaque résultat, votre personnage principal se retrouve dans une situation pire que la précédente, le lecteur va se lasser.

 

Certes, il ne faut pas trop lui faciliter la tache, mais il faut aussi que l’histoire avance

 

Pour ça, vous pouvez essayer d’alterner les scènes qui commencent bien et finissent mal, avec celles qui commencent mal mais finissent plutôt bien pour le personnage.

 

Mais personnellement, je trouve cette approche un peu trop mathématique.

 

Je pense qu’une bonne façon d’appréhender cette problématique est surtout de se demander : “en quoi cette scène fait-elle avancer l’intrigue ?”

Conclusion

Cet article n’a pas pour but d’enseigner LA seule et unique façon d’écrire une histoire et de la décortiquer en scènes.

 

Le but de cet article c’est de vous donner des notions de base dans ce domaine pour qu’à la relecture d’un de vos roman ou au moment de vous lancer dans l’écriture d’un plan détaillé, si vous tombez sur une scène qui vous bloque, vous puissiez vous appuyer sur les modèles que j’ai décrit afin de trouver une solution.

 

Et si vous avez des remarques ou simplement envie de me dire que cet article vous a plu, n’hésitez pas à laisser un commentaire !

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