Écrire un roman – La méthode Truby, partie 1

Ils disaient de se concentrer sur le séquençage de l'action. La méthode Truby, elle, propose de se concentrer sur le protagoniste. Venez la découvrir.
Mathieu Begot
Mathieu Begot
Salut, moi c’est Mathieu ! Je suis passionné par les genres de l’imaginaire, la culture japonaise, mon chien et les commentaires que vous laissez sous mes articles ! En lire plus

Écrire un roman – La méthode Truby, partie 1

Ils disaient de se concentrer sur le séquençage de l'action. La méthode Truby, elle, propose de se concentrer sur le protagoniste. Venez la découvrir.

Écrire un roman – La méthode Truby, partie 1

Ils disaient de se concentrer sur le séquençage de l'action. La méthode Truby, elle, propose de se concentrer sur le protagoniste. Venez la découvrir.
Deux femmes se disputant pour symboliser la nouveauté portée par la méthode Truby

Salut à tous, vous allez bien ?
Nous avons vu le mois dernier que les méthodes classiques de structuration d’intrigue, si elles peuvent être utiles à connaître (par exemple pour visualiser, ce qui se fait et comme cela est exécuté)… Eh bien elles ne sont finalement pas suffisantes pour composer une intrigue profonde, cohérente et organique.
Alors bon, pour être tout à fait honnête avec vous, ça, ce n’est pas moi qui l’ai dit. C’est John Truby.
John Truby, c’est ce scénariste qui a écrit Anatomie du scénario, un bouquin dont plus ou moins tous les gens qui baignent dans le scénario vous parleront à un moment ou à un autre.
Ce que je vous propose, donc, avant de voir la méthode en elle-même, c’est de nous demander brièvement ce qui a motivé notre bon vieux John !

La méthode Truby – Motivations

Une structure narrative (3 actes, 5 actes, 7 points, etc.) est un montage fonctionnel qui permet d’analyser et comprendre un récit. Elles s’appuient très souvent sur les pratiques narratives et scénaristiques de très nombreux auteurs pour créer une méthode de construction de récit.
C’est un peu la synthèse d’une partie de notre héritage littéraire à un instant T. Pour faire simple.
Le problème avec ces méthodes, c’est qu’elles se centrent sur ce que l’auteur aimerait faire au détriment de ce qu’il peut faire au vu des choix initiaux qu’il a faits pour son protagoniste (caractère, faiblesses, besoins, relation aux autres personnages, aux autres) pour son intrigue (que telle épreuve arrive de telle manière, à tel instant, que telle faiblesse soit compensée ainsi), etc.

ATTENTION : il ne s’agit pas de dire que l’auteur doit être esclave de ses personnages ou de son intrigue et qu’il n’a pas sa place dans la création du roman. Non.

Par contre, à trop se référer à une structure, on risque de perdre de vue certains essentiels de l’écriture, comme la cohérence, dans l’enchaînement des scènes, dans le développement du personnage, etc.

Pour faire simple, ce n’est pas parce que l’on vous dit qu’il faut commencer par peindre d’abord le fond, puis les gros éléments, puis les détails que votre peinture sera réussie pour autant (croyez-en celui dont l’art pictural ne dépasse pas les bonhommes bâtons).

C’est pour cela que la méthode Truby nous propose (globalement) trois grands points pour développer nos récits :
— Un état d’esprit, selon lequel le récit se construit autour du protagoniste.
— Une liste de course, composée de sept éléments fondateurs qui doivent se trouver dans tout récit.
— Une méthode de travail, qui ne va finalement pas définir votre méthode pour structurer votre récit, mais bel et bien pour l’élaborer (c’est d’ailleurs pour cette raison que je pense que la méthode Truby peut être couplée à une méthode de structure plus classique de sorte à la développer et à en éviter les écueils).

Alors bon, vous vous en doutez sûrement : les deuxième et troisième parties sont les plus volumineuses… Et elles feront l’objet d’articles indépendants (on m’a dit d’arrêter de vous balancer 3000 mots au visage, j’ai entendu).

Nous allons donc voir ici l’état d’esprit (si l’on peut dire) proposé par la méthode Truby !

Premier élément : l’état d’esprit

Le protagoniste est l’épicentre de tout récit, c’est donc par lui qu’il faut commencer à travailler, autour de lui qu’il faut aménager le reste des éléments du récit (intrigue, personnages, agencement des scènes, symboles, etc.).

Cet état d’esprit, c’est un peu le constat qui définit la pleine opposition (et finalement complémentarité, mais nous en parlerons plus tard) entre la méthode Truby et la grande majorité des structures narratives que l’on peut trouver (et que l’on évoquera dans d’autres articles, rassurez-vous 😉).

Alors bon, vous savez maintenant pourquoi il faut éviter de trop se concentrer sur la structure narrative pour l’élaboration du récit… Mais dans ce cas, pourquoi commencer par le protagoniste ?
Tout simplement parce qu’un récit comporte toujours (et au moins) deux tensions, dont l’une est interne au protagoniste.

Les deux tensions

— La première tension réside dans un écart profond entre ce à quoi le personnage aspire (qu’il en ait conscience ou pas) et ce qu’il peut faire ou peut mettre en place pour l’obtenir – c’est une tension entre le but (devenir impératrice de l’univers) et les moyens (venir d’une famille de bouseux), pour faire court.

— La deuxième tension, quant à elle, existe entre le protagoniste et un autre élément de votre récit. Cette tension commence le plus souvent par une opposition figurative (le lecteur perçoit une tension inhérente à l’état, aux caractères, au statut, à la nature des éléments en tension), avant de devenir une pleine opposition (le personnage s’oppose directement à l’autre élément).
Ces deux tensions (que l’on pourrait appeler tension interne et externe) sont au cœur de votre récit.
La première permettra de développer votre personnage et de le faire évoluer directement sous les yeux du lecteur. La seconde orientera grandement l’intrigue de votre récit puisqu’il s’agira à terme – et en fonction de l’évolution de votre protagoniste – de déterminer qui du protagoniste et de son antagoniste l’emportera finalement, et donc quelles valeurs symbolisées prévaudront.

Commencer par réfléchir et designer son protagoniste permet un travail plus simple de la première tension et une mise en place plus claire de la seconde.
Il est bien évidemment nécessaire et primordial que ces deux tensions, ainsi que tous les autres éléments du récit, découlent les un des autres et ne soient pas imposés par l’auteur pour faciliter le passage d’une scène à une autre.

On ne fait pas se disputer deux personnages pour qu’ils ne se parlent plus et que l’un d’eux évolue. Ils se disputent, car leurs comportements respectifs sont devenus incompatibles et que l’un, l’autre ou les deux ne peuvent plus accepter cet état de fait… Ce qui aura à plus ou moins long terme pour conséquence l’évolution de l’un, de l’autre ou des deux.

La nuance peut paraître fine, mais elle est fondamentale.

Pour conclure ?

Les structures narratives classiques ne sont, selon John Truby, pas adaptées à l’élaboration du scénario d’un récit. Ces dernières positionnent généralement l’intrigue et l’ordonnancement des scènes aux premières loges de la création, ce qui va peut tendre vers une perte de cohérence dans ces dernières, mais aussi dans l’évolution du personnage.
Le protagoniste est pourtant le cœur du récit : c’est par son évolution que se résout l’intrigue et il est donc nécessaire que tout autour de lui soit préparé et aménagé pour qu’il soit cohérent (ainsi que son évolution).


Cet état d’esprit, qui en synthèse dit que :
— Le protagoniste est un élément premier du récit (son évolution est donc centrale) ;
— L’auteur ne doit rien imposer au texte (chaque élément découle et en entraine d’autres) ;
est déjà très répandu de nos jours et il est la première étape pour s’approcher et comprendre la méthode Truby.

 

Alors bon, cet article a pu vous paraître un peu « léger », mais au vu de ce qui nous attend, mieux vaut commencer tranquillement. Croyez-moi.

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