Comment dresser le portrait d’un personnage ?

Les portraits, c’est superbe… Mais comment ça marche ? Comment en dresser un ? Cet article est là pour poser de bonnes bases sur la question. De rien !
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Mathieu Begot
Salut, moi c’est Mathieu ! Je suis passionné par les genres de l’imaginaire, la culture japonaise, mon chien et les commentaires que vous laissez sous mes articles ! En lire plus

Comment dresser le portrait d’un personnage ?

Les portraits, c’est superbe… Mais comment ça marche ? Comment en dresser un ? Cet article est là pour poser de bonnes bases sur la question. De rien !

Comment dresser le portrait d’un personnage ?

Les portraits, c’est superbe… Mais comment ça marche ? Comment en dresser un ? Cet article est là pour poser de bonnes bases sur la question. De rien !
Des notes pour le portrait d'un personnage

Quand on écrit une histoire, quelle qu’en soit la focalisation narrative, on finit par décrire des choses. Vous vous en doutez bien que, vu le titre de cet article, c’est de personnages dont nous allons parler ici. Comment dresse-t-on leur portrait ? Ce dernier est-il statique ? Objectif ? Subjectif ?

Aujourd’hui, nous allons dresser un tableau des portraits, en nous intéressant tout particulièrement à leurs grandes caractéristiques.

Le portrait est l'identité

Un portrait, c’est la description d’un personnage. Cette description a pour objectif de rassembler un ensemble d’éléments plus ou moins grand afin de créer une identité au personnage dans l’esprit du lecteur. La première caractéristique que nous allons aborder concerne les différentes identités qui peuvent être dépeintes par un portrait.

L'identité physique.

Nous venons de le dire : un portrait c’est la description d’un personnage. Il n’est donc pas très étonnant que la première identité que nous abordions soit l’identité physique du personnage. Il s’agira dans ces portraits de ne traiter que de l’apparence d’un personnage : silhouette, carrure, vêtements, traits du visage, démarche, particularités physiques, etc.

En plus de permettre la caractérisation et la visualisation, le portrait physique permet la différenciation des personnages. Il est en effet nécessaire que votre lecteur puisse identifier de quel personnage parle le narrateur dès la mention de son nom. L’association de traits physiques spécifiques à un ou deux personnages permettra ainsi au lecteur d’immédiatement savoir de qui il s’agit et de repositionner ce personnage vis-à-vis de tout ce qu’il a déjà lu.

Imaginons rapidement un roman se déroulant lors d’une soirée entre vieux copains et qui a pour objectif de montrer la variété d’identités qu’une même personne possède. Si l’une des personnages, Irène, est associée dès sa première apparition à sa robe rouge, alors le lecteur visualisera cette robe dès la mention du prénom « Irène ». Il la replacera ensuite assez rapidement dans l’ensemble des interactions déjà narrées dans le roman.

À mon sens, ce phénomène d’identification/ différentiation physique est à mettre en place au plus vite lorsque l’on a de nombreux personnages qui vont intervenir, et ce afin de ne pas perdre le lecteur.

L'identité psychologique.

Il est évident que, si l’on peut construire une identité physique au personnage par le biais du portrait, alors il est tout-à-fait possible de lui en construire une psychologique. Dans ce cas-ci, il s’agira de présenter le caractère du personnage, ses défauts comme ses qualités ainsi que son point de vue sur différents points, notamment les autres personnages.

Si l’identité physique du personnage permet en premier lieu de différencier un personnage des autres, l’identité psychologique sert à dresser des liens entre eux. Elle permet au lecteur d’obtenir un schéma mental de tous les personnages et des liens qui les unissent et/ou les distancient. Ces liens, plus ou moins nombreux et complexes, permettront d’enrichir tant les personnages que le roman lui-même.

Admettons qu’Irène, dans notre exemple, ait été définie par sa robe rouge dans un premier temps, puis par son amour inconditionnel des chiens. Lorsque André entrera en scène, lui qui est justement dresseur de chiens, le lecteur pourra (consciemment ou non) tout à fait imaginer que la relation entre les deux personnages est basée sur de la sympathie. Montrer une telle relation au travers de quelques interactions sera ainsi comprise et presque attendue par le lecteur.

Je vais être honnête, les portraits purement psychologiques – surtout ceux qui se veulent exhaustifs – ont tendance à me rebuter quelque peu. Les informations qu’ils transmettent peuvent être tout-à-fait intéressantes, j’en conviens. Mais une entrée trop brutale et longue dans la psyché d’un personnage (surtout lorsque la moitié des éléments évoqués n’auront pas d’intérêt dans les 150 prochaines pages) est à mon sens non pas une prouesse descriptive, mais un besoin de montrer intégralement son personnage au lecteur. Or, si je ne m’abuse, on ne tombe jamais sur une personne qui nous explique chaque recoin de sa psyché dès la première rencontre. On la découvre au fur et à mesure, mais j’y reviendrais plus loin.

Une identité plus complète.

Vous vous en doutez, s’il existe des portraits physiques et des portraits psychologiques, alors des portraits « complets » existent également. Attention, je ne parle pas de descriptions exhaustives, mais de descriptions qui s’intéressent tant aux aspects physiques que psychologiques d’un personnage.

On pourrait ainsi tout à fait imaginer que dans notre exemple il soit dit d’Irène que sa peau est très pâle et son humour ravageur. Bon, ça n’est pas très long, mais on a un trait physique et un trait psychologique. Il est bien entendu possible de multiplier les informations données ou encore de ne pas respecter la parité entre le nombre de traits présents dans le portrait.

Ces portraits, qui réunissent les traits des deux catégories citées plus tôt, peuvent être d’une grande efficacité lorsqu’il s’agit de créer rapidement une image mentale chez le lecteur. Ce besoin peut notamment se présenter lorsque ledit personnage n’apparaît qu’une ou deux fois dans votre roman et a un impact fort sur l’intrigue et/ou un autre personnage. Il est donc nécessaire en quelques lignes, voire quelques mots, de le décrire sur les deux plans.

Ce type de portrait me semble également très approprié pour les personnages « très secondaires » : collègues de travail, voisins, passagers récurrents de la même ligne de métro. Ces personnages, qui peuvent avoir un intérêt réel pour la composition de l’ambiance de votre roman, se verront ainsi dotés d’une identité suffisamment fine pour ne pas encombrer trop longtemps l’esprit de votre lecteur.

Glisser d'une identité à l'autre

On en arrive à mon type de portraits préférés, qui est une sous-famille du précédent. Vous vous en êtes sûrement rendu compte, la dernière description : « Irène avait la peau pâle et l’humour ravageur » n’est pas très structurée. Elle donne presque l’impression que ses deux parties n’ont été collées que pour pouvoir parler tant du physique que du psychologique (c’était le cas, je l’avoue).

Il est pourtant possible de lier identité physique et psychique pour que votre portrait glisse naturellement de l’une à l’autre. Il suffira d’y utiliser par exemple des éléments de comparaison ou de hiérarchisation.
On pourrait ainsi apprendre d’Irène : « Ses cheveux retenus en arrière et son regard strict ne trahissaient en rien sa gentillesse naturelle. Elle avait appris à se conformer aux exigences de son emploi, sans pour autant le laisser entacher sa candeur naturelle. » ou encore « Dans son pas rapide et assuré transparaissait cette fierté qu’elle avait acquise avec les années. Elle n’était plus l’adolescente qu’ils avaient connue et elle le leur prouvait. »

Il existe une différence fondamentale entre ces deux exemples. Le premier met en avant une différence entre identité physique et mentale, tandis que le second crée une corrélation entre les deux (tout en les distanciant de l’identité passée d’Irène). Néanmoins, malgré cette différence, les deux exemples permettent de donner de la profondeur à Irène puisqu’ils tissent des liens au sein de son identité « globale ».

Ce type de portrait est le plus intéressant à mon sens en ce qu’il permet d’explorer plusieurs identités d’un personnage de manière structurée. Cette structuration, qui n’est absolument obligatoire, permettra à votre lecteur de vous suivre plus aisément si vous voulez produire de très longs portraits, le fameux pied en cap (qui ne s’appelle absolument pas comme ça).

La question de la taille

On vient de le voir : le portrait est une description qui caractérise l’identité d’un personnage. Une nouvelle question se pose donc, quelle taille pour un portrait ? Faut-il n’en faire que des très longs ? Des très courts ? Des moyens ? Outre la taille, y a-t-il des utilités particulières affiliables à la longueur d’un portrait ?

Le portrait court.

Faire un portrait court, c’est caractériser son personnage en quelques mots, phrases ou lignes. Tous les exemples que nous avons vu jusqu’à présent entrent dans cette catégorie.

Ce type de portraits possède à mon avis deux grands avantages :

→ Portrait court et action. Les portraits courts s’intercalent très bien dans une scène d’action. Ils permettent de donner des informations nouvelles sur un personnage sans pour autant briser le rythme déjà mis en place dans la narration.

Admettons une dispute alcoolisée dans notre exemple. La tension commence à monter, deux des personnages se menacent, se bousculent, etc. Si l’un des personnages voit Irène et que l’on dit d’elle qu’elle « tenait sa main contre le visage, son regard émeraude empli du dégoût de ceux que la violence révulse », il y a peu de chance que le rythme de l’action soit brisée. On en apprend néanmoins un peu plus sur l’identité d’Irène en une vingtaine de mots et son portrait se précise.

→ Portrait court et imagination. Un autre intérêt du portrait court est qu’il permet de laisser une place au lecteur dans la création mentale du personnage, puisqu’il ne donne pas chaque détail de ce dernier. Il suffira de ne donner que deux ou trois traits du personnage pour que le lecteur ait une base sur laquelle se placer.

Dans notre exemple, nous avons dit qu’Irène avait : 1° une robe rouge, 2° la peau très pâle, 3° le regard émeraude et strict. Étant donné que nous sommes dans un article, je ne suis pas sûr que vous l’ayez visualisée mentalement… Mais si chacun d’entre vous essayait, je suis sûr et certain que les images mentales d’Irène seraient incluses dans spectre assez large.

Le portrait long, voire exhaustif.

Vous vous en doutez, si le portrait court existe, alors il en va de même pour le portrait long. Un portrait long vise à créer une image mentale forte et détaillée.

Un portrait long, très détaillé, permet d’ailleurs de montrer l’importance d’un personnage. Je n’entends pas par là un personnage important pour votre trame, mais dans l’univers de votre roman. Chef de département, reine, corsaire, visage de la rébellion… Ce genre de personnage (quel que soit le genre dans lequel il s’inscrit) gagne à avoir un portrait long lors de sa première apparition.

Dans notre exemple, Thibault, leader du groupe à l’époque, pourrait bénéficier d’un tel portrait. Le contraste entre la longueur de son portrait et celle des autres personnages permettrait d’ailleurs au lecteur de réaliser l’importance qu’a ou a eue Thibault aux yeux des autres.

Il faudra néanmoins faire attention à deux points avec ce genre de portraits :

→ Ennuyer son lecteur. Un portrait long est un parti pris. Vous décidez que tel ou tel personnage en a besoin, et ce pour des raisons qui vous appartiennent (le personnage en lui-même, la situation dans laquelle il se trouve, etc.). Néanmoins, un peu comme pour les arcs de développement : tous vos personnages n’en ont pas besoin.

Multiplier les portraits longs, surtout s’ils se suivent, risque d’ennuyer votre lecteur et de le pousser à sauter quelques lignes pour arriver à un passage qu’il jugera plus important ou plus intéressant.

→ Limiter la découverte du personnage. L’autre point problématique est que votre lecteur n’aura peut-être plus rien à découvrir du personnage qui aura eu un portrait long. Vos personnages sont des êtres vivants (dans votre roman bien sûr) et votre lecteur les « rencontre » en quelque sorte. Il n’échange bien entendu pas avec eux, mais il les rencontre et les découvre au fur du roman.

Un personnage important et qui apparaît peu n’aura pas besoin d’être découvert lentement, il jouira même d’une apparition forte qui impose sa fonction et son importance dans l’univers. A contrario, des personnages initialement moins importants dans l’univers de votre roman, mais bien plus pour votre trame, gagneront à être découverts par le biais d’un portrait court et de leurs actes.

Pour conclure ?

Le portrait permet au lecteur d’appréhender l’identité d’un personnage. L’identité dépeinte peut être accès sur le plan physique (qui permet une différenciation des personnages), psychologique (qui permet des connexions entre les personnages) ou bien les deux. Il sera tout de même intéressant de lier les informations données si vous désirez proposer ce dernier type de portraits. La taille d’un portrait est variable. Le portrait court se veut plus dynamique et tout simplement plus insérable dans des passages qui proposent de l’action. Le portrait long, quant à lui, permet de montrer l’importance d’un personnage, mais doit être manié avec plus de précautions.

Si vous n’êtes pas très à l’aise avec les portraits, il est tout à fait possible de guider le regard de votre lecteur sur votre personnage (pour le portrait physique) ou bien d’imaginer un fil conducteur qui le guide au travers du portrait. Ces deux stratégies vous permettront de structurer vos descriptions et donc de leur donner un sens.

Le portrait étant un thème plutôt très volumineux, je vous dis à dans deux semaines pour notre second article sur les portraits de vos personnages.

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