Comme chaque année, nous avons interviewé chacun des auteurs publiés dans notre Lufthunger Pulp à venir. Voici celle de Christophe Vanstraceele, auteur de Je m’intégrerai mieux que vous, qui s’est prêté au jeu ! Vous pourrez retrouver sa nouvelle dans notre 4e recueil de nouvelles, Des Autres lointains, précommandable sur Ulule.
L’interview
D’où viens-tu ? Que fais-tu ?
Je viens d’une famille très modeste et mon enfance alternait entre baignade en apnée et lecture de classiques SF. J’ai travaillé comme un forcené pour tenter d’échapper à mon milieu social. J’enseigne aujourd’hui la cybersécurité et le hacking éthique.
Quel est ton rapport à l’écriture ?
J’ai longtemps procrastiné, remplissant un fichier fourre-tout avec les idées qui me passaient par la tête. Mon besoin d’écriture n’a fait qu’enfler en proportion de ce document Word. Quand la pression est devenue trop forte, j’ai commencer à écrire des nouvelles. Une nécessité vitale.
Résume nous ta nouvelle :
Ce texte décrit l’exil de Souleymane, ancien passeur, depuis son pays natal, le Niger, jusqu’à la France où il tentera de s’intégrer en vain, jusqu’à ce qu’une voie venue d’ailleurs lui assure un avenir.
Pourquoi ce choix thématique de l’immigration ?
Rien n’est plus lointain et différent, pour nous autres occidentaux confortablement installés dans nos voitures électriques, que le parcours accidenté d’un exilé.
Comment as-tu abordé l’écriture de ce texte ?
J’ai passé un bon mois à lire des témoignages sur des sites d’ONG, à écouter des podcasts, et à compiler un maximum d’informations. J’ai tenu à garder le discours pour en préserver le réalisme. Je me suis également efforcé de vivre en imagination cette histoire.
Ton personnage semble agréger une multitude d’expériences…
L’histoire de Souleymane est inspirée de beaucoup de récits différents. Des dizaines de milliers de personnes ont réalisé le trajet Niger-Lybie-Méditerranée après la chute de Kadhafi, beaucoup en sont morts. Dans un sens, Souleymane a eu de la chance. Il est parvenu au bout du chemin…
Qu’est-ce qui résonne en toi dans ce texte ?
Je crois que ça fait écho à mon histoire. Être transfuge de classe, c’est être un peu perdu entre deux mondes. Les exilés vivent ça à un niveau qu’on ne peut même pas imaginer. Souleymane doit abandonner une partie de ce qu’il est pour s’intégrer, comme un dernier sacrifice ultime.
Quels sont tes inspirations ?
Edgar Poe, Lovecraft, Philip K. Dick, Beksinski, et bien d’autres… Mais ma première source d’inspiration est avant tout l’ennui. Les gens s’angoissent à l’idée de s’ennuyer alors que c’est d’abord une forme de liberté.
Veux-tu rendre l’invisible visible avec ce texte ?
Je suis sensible au sort des minorités invisibles en général, et l’association avec la SF permet ce pas de côté qui change notre point de vue. Je pense que les réalités que nous ignorons en disent beaucoup sur notre peur de l’inconnu et sur ce que nous sommes.
Que veux-tu faire ressentir aux lecteurs ?
Une prise de conscience. Je ne souhaite pas culpabiliser, j’espère juste un changement de perspective. Et également lui apporter un vertige, un sense of wonder.
Pour en savoir plus…
Découvrez les interviews des 9 autres auteurs de notre 4e numéro sur YouTube : https://www.youtube.com/@lufthungerclub/shorts
Et n’oubliez pas, il est encore temps de participer à la campagne Ulule que nous avons lancée pour ce 4e numéro !