L’image est évocatrice ? Eh oui, la protection c’est important ! Alors on va se faire un article un peu thématique aujourd’hui. Parce que personne n’a envie d’avoir une mauvaise surprise après (neuf mois environ) avoir envoyé ou partagé son manuscrit à quelqu’un, et de voir son bébé être accouché par quelqu’un d’autre.
Bref, cet article sera très simple dans son contenu. On va voir, dans un premier temps, si c’est effectivement utile de protéger son manuscrit et on verra ensuite comment protéger ce dernier.
La bonne nouvelle ? On peut légalement protéger son manuscrit de manière totalement gratuite en se l’envoyant par mail, à soi-même.
Préliminaires
Avant de pénétrer dans le vif du sujet, une première question : est-ce que c’est vraiment utile de protéger son manuscrit ?
Et la réponse la plus évidente est… NON.
Ça paraît contre-intuitif ? C’est normal. Si vous lisez cet article, c’est que vous avez sûrement passé des mois, voire des années, sur votre manuscrit. Évidemment, pour vous, il est incroyablement précieux et mériterait d’être volé.
Cependant, les cas de manuscrits « dérobés » ne sont pas communs, pour ne pas dire quasi inexistants… Votre peur serait légitime si vous étiez déjà un auteur à succès. Là, oui, des gens pourraient être intéressés par votre manuscrit, parce qu’avant même de sortir, il a déjà une valeur en soi.
Mais si c’est votre premier roman, il est peu probable que quelqu’un vous le dérobe. Donc, en ce sens, c’est peu utile…
Principe de précaution
Mais ça ne veut pas dire que c’est une mauvaise idée de protéger son manuscrit. Après tout, il est possible que quelqu’un à qui vous l’envoyez se permette de remplacer votre nom par le sien et de l’envoyer ensuite à des éditeurs.
C’est peu probable, mais c’est possible. Ce qui veut dire que votre peur est légitime. Or, comment faire pour avancer si la peur vous retient ? Il faut bien à un moment envoyer son manuscrit à des lecteurs tests puis des maisons d’édition !
C’est en ce sens que protéger son manuscrit est utile : cela vous permet de ne plus avoir à vous soucier de cette possibilité et de continuer à avancer vers l’amélioration, puis la publication, de votre roman.
Mais du coup, comment on fait concrètement pour protéger son manuscrit ?
La méthode de prévention la plus efficace
Allons droit au but : depuis le 13 mars 2000, la loi portant sur « l’adaptation du droit de la preuve aux technologies de l’information et relative à la signature électronique » a été mise à jour.
Concrètement, une signature électronique est maintenant considérée comme une preuve suffisante. Ça veut dire qu’il vous suffit de vous envoyer, à vous-même, par mail, votre manuscrit pour ce dernier soit protégé.
C’est la méthode la moins chère (car gratuite) et la plus pratique.
Voilà, vous pouvez maintenant arrêter ici votre lecture de cet article et ouvrir votre messagerie dans un nouvel onglet.
Les points sensibles
Ils ne sont pas nombreux, mais c’est pas mal de les expliciter.
Le premier point déjà : essayez d’utiliser une messagerie qui ne risque pas de disparaître dans quelques années. Il est très improbable que Google s’effondre et que Gmail disparaisse. Mais si vous passez par une messagerie un peu obscure, méfiez-vous : ce serait dommage que votre « preuve » (le mail avec votre signature électronique) s’évanouisse avec la fermeture des serveurs utilisés par votre boîte de messagerie.
Second point : n’utilisez pas l’e-mail de votre propre boîte. La preuve pourrait ne pas être considérée comme valable dans la mesure vous pouvez avoir accès aux données et donc modifier les dates et identifiants liés au mail.
Dernier point : signez avec votre nom ET votre nom de plume si vous en avez un.
Pour les anxieux
Vous ne faites pas confiance à tout ce que vous lisez en ligne ? Vous avez raison. On va passer en revue, ensemble, les trois alinéas (pertinents dans le cadre de notre problématique) de l’article de loi sur lequel je m’appuie pour vous affirmer que vous n’avez pas besoin de dépenser de l’argent pour protéger votre manuscrit :
Article 1316-1 :
L’écrit sous forme électronique est admis en preuve au même titre que l’écrit sur support papier, sous réserve que puisse être dûment identifiée la personne dont il émane et qu’il soit établi et conservé dans des conditions de nature à en garantir l’intégrité.
=> Comme on disait : signez votre mail et envoyez-le à partir d’une boîte de messagerie dont les données ne peuvent être modifiées par vous-même et qui ne risque pas de disparaître.
Article 1316-2 :
Lorsque la loi n’a pas fixé d’autres principes, et à défaut de convention valable entre les parties, le juge règle les conflits de preuve littérale en déterminant par tous moyens le titre le plus vraisemblable, quel qu’en soit le support.
=> même si vous parvenez à mal vous envoyer à vous-même votre manuscrit, et que quelqu’un vous vole votre manuscrit, et que sa preuve paraît aussi « bonne » que la vôtre… le juge pourra s’appuyer sur tous les éléments possibles pour déterminer qui est l’auteur : vos carnets de notes, les témoignages de vos proches, votre propre témoignage, etc.
Article 1316-3 :
L’écrit sur support électronique a la même force probante que l’écrit sur support papier.
=> votre manuscrit ne sera pas « plus » protégé si vous vous l’envoyez par courrier recommandé.
On y vient
En conclusion de cet article, je ne passerai pas en revue les autres méthodes de protection d’un manuscrit. Je me sentirais malhonnête si je le faisais : cela n’aurait pas d’autre intérêt que de remplir cet article de mots uniquement en espérant améliorer son score SEO, et c’est pas pour ça qu’on écrit des articles.
Que ce soit s’envoyer à soi-même en recommandé son manuscrit, l’enveloppe Soleau ou tous les sites de dépôt…
Toutes ces méthodes vous prendront du temps et vous coûteront cher, alors que « l’écrit sur support électronique a la même force probante que l’écrit sur support papier ».
Vous avez peur que l’on vous vole votre manuscrit ? Envoyez-vous-le par mail, balayez cette peur et reprenez le boulot.
En espérant que cela vous a été utile, n’hésitez pas à commenter si vous avez la moindre question !