25 juin 2020

Les maisons d’édition à éviter

Car tous les éditeurs ne sont pas bons à prendre !

Nicolas Parisi

Cofondateur du Club, Je suis passionné de SF et de stylistique

L’écriture d’un roman est un exercice qui demande un énorme investissement. Enfin arrivé au bout, on serait prêt à tout accepter pour voir ce travail se concrétiser en un véritable livre.

Le problème, c’est que certaines maisons d’édition peuvent chercher à profiter de ça. Alors, aussi fort que désiriez voir votre roman être publié (et peut-être le voir sur les rayonnages de votre librairie préférée), il vous faudra prendre le temps de vous poser et de réfléchir avant de signer quoi que ce soit !

Mais pas de panique, on s’est penché sur la question et on vous explique comment éviter les pièges :

Peut-être que votre roman achevé, vous avez décidé de ratisser large et d’envoyer votre manuscrit à tout un tas de maisons d’édition que vous ne connaissiez pas très bien. Et là, surprise, vous recevez un retour positif de l’une d’elles !

Ce qu’il faut savoir, c’est que les maisons d’édition ne fonctionnent pas toutes de la même façon et que certaines peuvent ne pas correspondre à ce que vous attendiez. De quoi on parle ici ? On parle des différents types de maisons d’édition et de ce qu’elles peuvent faire de votre roman :

Les maisons d’édition à compte d’éditeur qui font de l’impression par tirage

Si ce qui vous fait rêver, c’est de pouvoir tomber sur votre roman dans une librairie, c’est ce type de maison d’édition qu’il faut viser. Vous n’aurez rien à débourser, la correction, la mise en page, l’illustration et la quatrième de couverture : ils s’occupent de tout. On part souvent du principe que toutes les maisons d’édition proposent ce type de prestation, mais ce n’est pas le cas.

Bien sûr, même si l’éditeur qui vous recontacte travaille dans une maison de ce type, il y a des choses dont il faudra se méfier sur le contrat d’édition. Mais si votre manuscrit a été remarqué par ce genre de maison d’édition, alors vous êtes bien parti. Ces maisons d’édition correspondent à ce que vous imaginez quand on vous parle d’édition. Elles impriment beaucoup d’exemplaires de votre roman, utilisent leur réseau de distribution pour que vous apparaissiez dans les librairies et assurent la publicité.

Mais les maisons d’édition ne fonctionnent pas toutes comme ça, alors regardons un peu les autres types de maisons d’édition :

Les maisons d’édition à compte d’éditeur qui font de l’impression à la demande

Dans le cas de ces maisons, tout sera aussi pris en charge, mais (à part dans le cas d’un accord particulier avec un libraire), vous ne verrez jamais votre livre sur un rayonnage dans une librairie. Ces maisons ont tendance à faire la majorité de leur chiffre grâce aux ventes d’ebook.

En effet, l’impression à la demande permet à l’éditeur de prendre moins de risques, mais en contrepartie, il n’a pas d’exemplaire en stock à envoyer aux différents libraires pour qu’ils les mettent en rayon. Gardez bien en tête que ce n’est pas parce qu’un livre peut être acheté en librairie que vous l’y trouverez sur un rayon aux côtés de ceux de vos auteurs favoris : lorsqu’un éditeur vous dit que votre livre pourra être acheté en librairie, s’il n’imprime pas des centaines d’exemplaires de votre roman, cela veut simplement dire que vous pourrez commander le livre en question chez un libraire.

Dans ce cas, et si tomber sur votre livre dans une librairie est ce qui vous intéresse, alors il pourra être intéressant de chercher à négocier votre contrat de façon à ce que : soit vous ne cédiez pas vos droits, soit que vous puissiez les récupérer facilement si une maison d’édition à compte d’éditeur qui fait de l’impression par tirage venait à vous remarquer.

Dans tous les cas, une maison d’édition à compte d’éditeur, même si elle fait de l’impression à la demande ou uniquement de la vente d’ebook, reste une maison sérieuse, contrairement aux :

Les maisons d’édition à compte d’auteur

Bon, la rédaction d’un article me semble demander une certaine impartialité… Mais je ne suis pas sûr d’en être capable. Pour moi, la seule raison qui fait que les maisons d’édition à compte d’auteur ne sont pas considérées comme des arnaques est que vous restez propriétaire de vos droits. Mais pourquoi iriez-vous payer de 500 à 4 000 € une entreprise qui ne fera que mettre en page votre livre, le tirer à quelques exemplaires (dont elle risque de vous forcer à acheter les premières centaines) en vous reversant seulement 20 % de droits d’auteurs, quand vous pouvez vous autoéditer?

Il y a peut-être de très bonnes maisons d’édition à compte d’auteur qui accompagnent leurs auteurs, assurent une communication correcte autour de leurs œuvres, servent vraiment à quelque chose… Mais comme je vous l’ai dit, je ne suis pas impartial. Alors je ne peux pas m’empêcher de penser que demander à un auteur de payer pour être édité, ce n’est qu’une façon peu correcte d’exploiter son désir de voir son travail enfin aboutir après des mois, voire des années, d’effort de rédaction.

Si encore c’était la seule alternative à l’édition classique, je pourrais comprendre. Mais vous pouvez facilement vous autoéditer pour un coût tellement moindre que ce que ces maisons vous factureront que ce fonctionnement me semble profondément absurde.

Si vous avez par le passé travaillé avec une maison d’édition à compte d’auteur et que vous avez été satisfait par leur travail, n’hésitez pas à me le dire en commentaire et peut-être que je nuancerai mon propos. Mais en attendant, mon propos est le suivant : si par mégarde vous avez envoyé votre manuscrit à une maison d’édition à compte d’auteur, ne donnez pas suite. Vous allez perdre de l’argent et vous retrouver seul à devoir vendre un tas d’exemplaires de votre roman dont vous ne percevrez même pas tous les bénéfices.

Les maison d’édition à compte d’auteur déguisé ou compte participatif

La dernière catégorie de maison d’édition est peut-être la pire, en ce sens qu’elles se présentent (et affirment avec force) ne pas être des maisons d’édition à compte d’auteur : elles sont des maisons d’édition à compte d’éditeur. C’est juste qu’elles vont peut-être vous demander d’acheter quelques centaines d’exemplaires de votre livre vous-même, ou alors vous demander de participer aux frais de correction, ne vous paieront pas vos droits d’auteur tant que vous n’aurez pas dépassé les mille exemplaires vendus… Vous comprenez, il faut qu’elles sachent si vous êtes vraiment sérieux (puisque c’est vous qui allez devoir vendre votre livre). Et puis, qu’est-ce que débourser mille euros pour voir aboutir toutes ces années de travail ? N’avez-vous pas foi en votre roman ? Ce sera un bestseller, c’est sûr !

Vous avez compris, même si ce n’est légalement pas une arnaque, ça l’est quand même un peu…

Du coup, on est en droit de se demander :

C’est très simple : si l’on vous demande de payer, participer aux frais, accepter de ne pas être payé pour les premières ventes (attention, c’est différent des exemplaires de promotion qui ne seront pas vendus, mais envoyés gratuitement à des services de presse ou des blogueurs pour faire la promotion de votre livre), FUYEZ !

Comme je vous l’ai dit, je manque certainement de nuance dans mes propos. Mais vous n’avez pas à payer, de quelque manière que ce soit, un éditeur, pour voir votre livre être publié. Vous aurez beaucoup plus à gagner à vous autoéditer.

Ces maisons-là ne font pas de l’argent en vendant des livres à leurs lecteurs. Elles n’ont pas de lecteurs. Leurs clients, ce ne sont pas les lecteurs, mais les auteurs désespérés de voir leur travail aboutir à quelque chose. Et pour une ou deux histoires de succès parti d’une relation avec une maison d’édition à compte d’auteur, il y a des milliers d’auteurs déçus qui ont payé, trop cher, pour rien et dont on n’entend pas nécessairement parler.

Bon, ce point est, je pense, maintenant bien acquis. Et si vous appliquez ce conseil, vous devriez ne jamais avoir à faire à des maisons qui ne sont pas à compte d’éditeur.

« La maison d’édition qui veut me signer ne m’a rien demandé de payer : c’est le jackpot ? »

On pourrait le croire… Mais ne pas signer avec une maison d’édition à compte d’auteur n’était que le
premier des pièges
à éviter. Il vous faut maintenant éviter les « mauvaises » maisons d’édition à compte d’éditeur.

Mais qu’est-ce qu’une mauvaise maison d’édition à compte d’éditeur ?

  • C’est une maison qui va, par exemple, éditer votre livre en ne faisant presque aucune communication autour, uniquement pour enrichir son catalogue, mais s’arrangera pour avoir toujours quelques exemplaires de votre livre en stock histoire de ne pas avoir à vous rendre vos droits. Ça veut dire, en gros, que personne ne lira plus jamais votre livre passé le premier tirage. C’est triste, mais c’est une situation beaucoup plus commune que ce que vous imaginez.
  • C’est une maison au bord de la faillite qui pourrait déposer le bilan juste après que vous leur ayez confié vos droits. Ça veut dire pas mal de migraines légales pour les récupérer et ce pendant probablement quelques années.
  • C’est une maison qui n’assurera jamais une communication correcte avec vous en ce qui concerne les chiffres de vos ventes par exemple, qui ne vous payera jamais en temps et en heure et dont le numéro sonnera toujours occupé lorsque vous chercherez à régler aimablement toute cette situation.

Alors, concrètement, si même vous avez évité les maisons d’édition à compte d’auteur, vous n’êtes pas sûr d’être bien tombé pour autant.

  • Aller voir des libraires, échanger avec eux, leur demander leur avis sur la maison en question. Ils n’ont aucune raison d’essayer de vous entourlouper et surtout, ils connaissent certainement bien mieux les acteurs de ce marché que vous. En tant qu’écrivain, vous lisez certainement beaucoup et je suis sûr que votre libraire se fera un plaisir de vous conseiller. Après tout, vous n’aimez pas, vous, quand la connaissance pointue que vous avez d’un secteur peut être utile à quelqu’un ?
  • Chercher des témoignages, en ligne, d’auteurs qui ont été publiés par cette maison. Peut-être que la maison avec qui vous vous apprêtez à signer vous apparaît, en tant que lecteur, comme une bonne maison. Mais il est possible que la situation soit tout autre du point de vue des auteurs avec qui elle travaille. Peut-être que vous finirez par signer avec une telle maison (ne serait-ce que pour l’aspect « prestige » qu’il peut y avoir à signer avec une maison que l’on estime en tant que lecteur). Mais au moins, vous saurez à quoi vous attendre après avoir lu quelques avis d’auteurs qui sont passés par là.

C’est la méthode presque exacte parce que, dans le fond, nous ne sommes (auteurs, éditeurs, libraires, etc.) qu’humains. Et il est très possible que, pour chaque auteur qui a eu une expérience désastreuse avec une maison d’édition particulière, il y en ait un autre qui, au contraire, a pu progresser et s’épanouir dans sa relation avec cette maison.

C’est simplement qu’il vaut mieux, dans tous les cas, s’informer au maximum sur ce qui peut vous attendre.

Supposons que vous avez refusé tous les éditeurs désireux de publier votre livre en échange de votre argent, supposons que vous avez refusé tous ceux qui semblaient louches, que ce soit par rapport à ce que vous a dit votre libraire, des témoignages d’auteurs en ligne… Supposons qu’il reste un éditeur intéressé par votre roman et, autant les échos que vous avez eus sur lui, autant votre instinct, vous confirment que « oui, ça sent pas l’entourloupe ».

C’est gagné, vous avez esquivé tous les pièges ?

Eh bien non. Malheureusement, il vous reste encore à bien négocier votre contrat. Parce que ce contrat, il va vous engager pour un sacré paquet d’années. Potentiellement, jusqu’à 70 ans après votre mort si vous avez oublié de négocier la mise en place d’une durée limite.

Mais pas de panique, vous pouvez aller jeter un coup d’œil à notre article qui vous détaille les pièges des contrats d’édition.

En attendant, on vous a prévu une petite conclusion pour résumer la question des maisons d’édition à éviter :

  • Fuir si on vous demande de payer quoi que ce soit.
  • Déterminer ce que vous voulez (pouvoir voir votre roman en rayonnage ou pas) et vérifier si la maison qui vous a contacté fonctionne par impression à la demande.
  • Demander son avis à votre libraire sur la maison en question.
  • Chercher en ligne des témoignages d’auteur qui ont pu travailler avec cette maison.

Si tous les indicateurs sont au vert, déjà : bravo à vous !

Ensuite, on vous recommande chaudement d’aller jeter un coup d’œil à notre article sur les pièges dans les contrats d’édition. Vous n’êtes pas au bout de vos surprises… et ça vous évitera d’autres mauvaises surprises !

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